Brialy, le rêveur sans rivages

Nombre d’acteurs et de personnalités du spectacle ont choisi un jour de raconter leurs souvenirs. Certains l’ont fait avec une aide extérieure, même s’ils sont de grands acteurs, tous n’ont pas la plume vagabonde. Ils en va autrement avec Monsieur Brialy.

Il fut un personnage aux mille facettes dont on se rappelle surtout l’acteur et l’homme de théâtre. L’une d’entre elles fut l’écriture, autant pour son métier que son plaisir personnel.

Il a voulu écrire ses mémoires avant de ne plus en avoir, comme il le disait. Nul besoin de se demander si elle était encore intacte quand il les a écrites. A en juger par les personnages qu’il fait jaillir de sa plume, il n’oublie personne ou presque. Ce n’est pas la revue mondaine des stars, les humbles, ceux qui se contentaient d’un autographe sont aussi là.

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J’ai de l’affection pour le personnage. Je l’ai aperçu dans un tas de films, vous aussi sans doute.  C’était pour moi juste un acteur sur l’écran, plutôt de ceux à qui je donnais un prix d’excellence. Il a commencé à vraiment me passionner quand  je l’écoutais à la radio ou à la télévision nous raconter son cinéma à travers ses petites anecdotes. Curieusement, il ne parlait pas tellement des stars que tout le monde connaît, mais il prenait un malin plaisir à nous citer Marcel Dalio ou Louis Salou. Etalage de culture ou passion pour un cinéma qui brillait alors de tous ses feux? Sans nul doute, la deuxième hypothèse est la bonne. Il a plus que ses confrère la mémoire cinématographique. Je les soupçonne même de s’être inspiré de ce cinéma là pour construire son jeu d’acteur, c’est d’ailleurs tout à son honneur.

Son livre nous parle un peu de tout cela, les gens qu’il a croisés, dans le monde du cinéma, dans le monde de la vie, sa vie.  Il peut en deux lignes parler d’une vedette au grand nom et s’étaler sur une page en parlant d’un personnage qui n’a jamais accédé à la célébrité.  C’est tout Brialy ça. Le cinéma, le théâtre, en sont bien sûr les vedettes. Le reste, son enfance, ses débuts, la suite, tout défile sous nos yeux. N’attendez pas des révélations fracassantes, la plume ne trempe jamais dans l’acide. Elle est élégante, à l’image des costumes de l’homme dans sa vie publique.  Tout au plus, il se permet d’en égratigner un ou deux, sans coup vache, même avec une pointe d’humour, dont il n’est aucunement dépourvu. Il s’en excuse presque auprès de ses lecteurs,  en lieu et place des protagonistes.

Un livre essentiel sur un art qui le passionne, une passion pour l’acteur qui entraine avec lui ses spectateurs dans une croisière de rêveries qui n’a ni ports, ni rivages. C’est, je crois, ce qu’il veut nous transmettre.

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